L'urgence climatique

Le jury a rendu son verdict, et il est accablant. Le rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est une litanie de politiques climatiques brisées. C'est un dossier de la honte, qui répertorie les promesses vides qui nous mettent fermement sur la voie d'un monde invivable. Nous sommes sur la voie rapide de la catastrophe climatique. » 

En avril dernier, les plus grands scientifiques du monde lançaient un énième appel à l’action avec le troisième volet du rapport du Giec (groupe intergouvernemental d’expert du climat). Une fois de plus, ils supplient les gouvernements d’agir et d’investir massivement dans la décarbonisation de  leurs économies, sans quoi le risque d’effondrement de notre civilisation deviendra de plus en plus réel. Dans ce rapport, les experts du Giec appellent à des changements dans tous les secteurs de l’économie et proposent des solutions pour cela. 

Deux à trois ans

L’enchaînement perpétuel des rapports alarmistes, des COPs infructueuses, des plans laissés à l’abandon, des beaux discours et des promesses vides, dans une ambiance d’indifférence et de désinvolture généralisée, prend des airs d’absurdité. La parodie Don’t Look Up n’est en vérité qu’un écho amer de notre réalité quotidienne. 

Nous devons agir rapidement. Ce que nous ferons au cours des trois à quatre prochaines années, je le crois, va déterminer l’avenir de l’humanité.

Sans révision et mise en place de politiques climatiques ambitieuses, d’ici à 2070, 3,5 milliards de personnes seront forcées de se déplacer en raison de conditions climatiques et écologiques invivables. Comme l’a rappelé le Secrétaire Général de l’ONU, António Guterres, « perdre du temps, c’est périr« . À moins que les engagements nationaux ne soient considérablement renforcés, l’ensemble des sociétés humaines sera, dans les prochaines décennies, confronté à l’instabilité et l’insécurité sociale: déplacements, famines, conflits armée, épidémies, violences sexuelles, souffrance, morbidité et mortalité de masse.

Même après 25 COP, les émissions mondiales de CO2 continuent de croître exponentiellement et ont même atteint un record en 2021. Ce début d’année 2022 est déjà un cauchemar pour des millions de personnes dans le monde et des centaines d’agriculteurs et autres professionnels en Suisse, qui souffrent de températures extrêmes et de la sécheresse précoce. Une crise alimentaire mondiale, un “ouragan de famine” se profile à l’horizon, accéléré par la guerre en Ukraine. 

Malgré l’urgence de la situation, la Suisse n’atteint pas son objectif climatique 2020 de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à 1990. Dans les classements internationaux, la Suisse se trouve en queue de peloton, sa politique climatique étant jugée “insuffisante”. Actuellement, elle n’a aucun plan concret pour atteindre les objectifs de Paris et limiter le réchauffement à 1.5°. Désaccords, débats et interminables tergiversations règnent sous la coupole. 

Selon une étude parue en septembre 2021 dans la revue médicale The Lancet, 75% des jeunes de 16 à 25 jugent leur futur effrayant et ont le sentiment d’avoir été abandonnés par leur gouvernement. Plus de la moitié pensent que l’humanité est condamnée.

Une année 2022 qui n’augure rien de bon

Cet été, la Suisse a enregistré le deuxième été le plus chaud depuis le début des mesures en 1864. Les étés de canicule records tels que nous en avons connus cette année seront la norme pour un été moyen d’ici 2035. De telles chaleurs apportent leur lot de catastrophes et de souffrances. En Suisse, les glaciers disparaissent à un rythme effréné, les forêts brûlent ou meurent, les surfaces agricoles sèchent, les récoltes sont mauvaises, les lacs et les rivières s’évaporent. Ailleurs dans le monde, des millions de personnes perdent leur lieu de vie ou souffrent déjà de la famine.

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