A 7h40 ce matin, 6 sympathisants de Renovate Switzerland se sont assis sur l’A18 à Crissier. 3 d’entre eux se sont collé la main sur la chaussée. La police et les ambulanciers sont intervenus rapidement. A 9h00, le trafic a été rétabli et les 6 personnes ont été arrêtées et emmenées au poste de police. En deux semaines, ils ont mis le sujet de la rénovation du bâti sur le devant de scène, faisant parler experts et politiques sur le sujet. Conscients du défi que représente la mise en place d’un programme de rénovation pour 1 million de maisons en 18 ans, ils ont décidé de laisser au Conseil fédéral un temps de réflexion. Si rien n’est entrepris d’ici quelques semaines, ils annoncent d’ores et déjà qu’ils reviendront sur les routes du pays, plus nombreux et plus longtemps.
Après avoir bloqué la semaine dernière le trafic autoroutier à l’entrée de Lausanne, le pont du Mont-Blanc à Genève et une sortie d’autoroute à Berne, des citoyens et citoyennes soutenant Renovate Switzerland sont ce matin à Crissier. Le trafic routier est paralysé. 3 personnes se sont collées sur la chaussée. Ils demandent au Conseil Fédéral d’élaborer, en quatre mois, un plan d’action national pour permettre aux cantons de rénover, d’ici à 2040, le million de maisons qui nécessitent une isolation d’urgence. Pour cela, ils demandent à ce que les subventions à la rénovation soient quintuplées pour atteindre un milliard par an et que 100’000 travailleurs supplémentaires soient formés dans le secteur du bâtiment d’ici 2025.
15 personnes mettent la rénovation énergétique à l’agenda politique et médiatique
Ils étaient quinze à s’asseoir sur des routes, faire l’actualité en suisse romande comme en suisse allemande et mettre la rénovation énergétique à l’agenda politique et médiatique. Parmi les cascades de réactions déclenchées par ces citoyens et citoyennes, une chose s’est révélée certaine: rénover le parc immobilier existant est une mesure nécessaire et évidente. Sur le plateau de l’émission Forum, mercredi 20 avril, Antonio Hodgers, conseiller d’Etat vert (GE), définissait la revendication de la campagne comme “parfaitement raisonnable”, “fondamentale” et qui “devrait faire consensus”. Il ajoutait que “chaque franc investi dans la rénovation c’est un franc qui va dans l’emploi local, dans l’économie locale et qui nous rend moins dépendants”. De son côté, Christophe Aumeunier, secrétaire général de la Chambre genevoise Immobilière soulignait sur le même plateau que “les activistes ne font que montrer une réalité de terrain en disant qu’il faut dégager des fonds, il faut se donner les moyens”. Pour Le Temps, Olivier Feller (PLR/VD) se disait aussi être “séduit par la proposition de Renovate Switzerland” et qu’il “faut s’en donner les moyens et créer les conditions-cadres qui actuellement ne me paraissent pas réunies».
Laisser au Conseil Fédéral le temps de se donner les moyens d’agir
Se donner les moyens, c’est aussi ce que suggère Simonetta Sommaruga, lorsqu’elle disait en janvier de cette année “quand on veut, on peut”. Cette maxime semble sonner d’autant plus juste à la suite de la sortie du rapport du GIEC, le 4 avril dernier, à l’occasion duquel Antonio Guterrez, Secrétaire général de l’ONU rappelait que “les dirigeantes et dirigeants doivent prendre les choses en main […] Les promesses et les programmes climatiques doivent devenir réalité et se concrétiser, dès maintenant.”
Face aux crises climatiques et énergétiques qui menacent le quotidien des Suisses, il est évident que le Conseil fédéral devra prendre des mesures, et rapidement. Ceci est confirmé par Harold Hammel du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) qui exprime pour 20 Minutes, que “pour le Conseil fédéral, il ne fait aucun doute qu’il faut agir et que la Suisse doit aller de l’avant dans la protection du climat”.
Conscients du défi que la mise en place d’un plan de rénovation représente pour les autorités et les institutions suisses, les sympathisants de Renovate Switzerland ont décidé de se retirer momentanément de la route pour leur laisser le temps de réfléchir à leur proposition et mettre en place un plan d’action.
Citation de Julian Zubler, étudiant de 24 ans participant à la campagne: “Pendant deux semaines, j’ai donné tout ce que je pouvais et tout ce que j’avais pour demander au Conseil fédéral d’isoler un million de maisons d’ici à 2040. A présent, j’attends la même chose de la part des Conseillers fédéraux: qu’ils mettent en place tout ce qui est en leurs moyens pour protéger ma famille et me donner un avenir dans ce pays. Je compte sur eux.”Si, dans les semaines qui viennent, la population devait constater une inertie de la part du gouvernement, des citoyens ordinaires se verront obligés de retourner sur la route et faire pression, à plus et plus longtemps. Comme le suggérait Antonio Guterres en début de mois, ils devront “créer un mouvement depuis la base qu’il sera impossible d’ignorer.”